« La blockchain se présente comme une solution de choix »
Chaine de blocs, base de données décentralisée, algorithme de consensus… Lorsqu’on entend parler de blockchain, on semble faire face à une technologie réservée qu’aux experts. Dans cet entretien, Raoul Yobouet, Directeur Marketing Orange Côte d’Ivoire, définit cette technologie avec des cas d’application qui s’annoncent dans quasiment tous les domaines d’activité.
Pour vous la blockchain, est-ce une affaire de geek ou une technologie accessible à tous ?
Oui une affaire de geek dans sa conception mais une affaire de tout le monde quand il s’agit de rendre des documents ou des échanges authentiques et vérifiables. Dans la pratique, une blockchain est une base de données qui contient l’historique de tous les échanges effectués entre ses utilisateurs depuis sa création :
Dans l’usage, elle est accessible à tous mais pas dans la conception d’une architecture blockchain qui nécessite une certaine connaissance très avancée en physique quantique.
Donnez-nous quelques exemples de cas d’usage concrets pour convaincre de l’utilité multidimensionnelle de cette technologie ?
Dans le secteur bancaire, la technologie ouvre la possibilité de valider des transactions sans l’intermédiaire d’une chambre de compensation, ce qui devrait permettre de certifier des opérations dans des délais beaucoup plus courts. La blockchain peut aussi favoriser le partage d’informations entre acteurs concurrents d’une place financière dans le respect du secret de leurs données commerciales et, ce faisant, faciliter la gestion de structures ou d’instruments communs en réduisant les coûts de contact et les frais d’administration.
Dans le secteur de l’assurance, l’apport de la blockchain tient par exemple à l’automatisation des procédures de remboursement et à l'allégement de certaines formalités à la charge des sociétés comme de leurs clients, sous réserve que les hypothèses et les conditions d’indemnisation et de préjudice soient clairement établies.
Dans le secteur de la logistique, la blockchain présente deux intérêts :
Dans le secteur énergétique, en autorisant l’échange de services et de valeurs en dehors d’une instance de gestion centrale, la blockchain crée potentiellement les conditions de la mise en place – à une plus ou moins grande échelle suivant les capacités techniques – de réseaux locaux de production, d’échange et de revente d’énergie pour équilibrer l’offre et la demande à tout moment, ce qui est une contrainte forte des réseaux d’électricité en particulier.
Mais de nombreux aux secteurs sont potentiellement concernés par l’utilisation de la technologie blockchain : santé, immobilier, luxe, aéronautique, etc.
En des termes simples, expliquez pourquoi la blockchain est un impératif au plan des garanties de sécurité ?
Peut-on affirmer qu’avec cette technologie, les tentatives de fraude au sein des réseaux informatiques et systèmes d’informations appartiendront au passé ?
La blockchain est un véritable traceur à toute épreuve. Des fraudes quasiment impossibles : quand on sait que pour « pirater » une donnée de la blockchain, il est nécessaire de modifier toutes les données antérieures… les fraudes deviennent, tout au plus, un mauvais souvenir !
Premier cas d’implémentation de la blockchain, les cryptomonnaies sont en plein essor. Des analystes les présentent comme un parfait concurrent au mobile money. Selon eux, l’intégration des cryptomonnaies dans le commerce permet de faire évoluer la technologie de l’argent mobile en supprimant les intermédiaires, et en démocratisant davantage l’accès en termes de réduction de frais sur les transactions. Qu’en pensez-vous ?
On en répond à la question. Le mobile money, ou l'argent mobile, n'est pas une monnaie. Il fonctionne comme un crédit pour une monnaie réelle, comme le CFA. Avec l'argent mobile, les utilisateurs achètent du crédit - soit en espèces, soit avec un compte bancaire en ligne - qui est transféré sur le compte de leur téléphone portable. Ils envoient ensuite un code sur le compte du destinataire, qui peut être échangé contre des espèces.
La blockchain est parfaite pour les cryptomonnaies, et c’est peut-être la raison pour laquelle on en voit émerger de nouvelles chaque jour. Par contre, l’implémentation des autres cas d’usage se fait plus lentement. Qu’est-ce qui coince ?
La blockchain en tant que registre à la fois transparent et sécurisé, intéresse d’ores et déjà plusieurs pays pour y héberger leur système de cadastre, document qui recense l’état de propriété foncière sur le territoire. La difficulté de mise en œuvre provient de l’assainissement et la régulation des secteurs pour aller vers la digitalisation pour une mise en œuvre plus rapide dans la blockchain.
Un autre must des sujets concernant la blockchain est le secteur de l’éducation. Quelle approche adopter en la matière ?
Le secteur de l’éducation, et particulièrement les établissements d’enseignement supérieur, est confronté à de nombreuses problématiques de sécurisation des données. Falsification de CV, utilisation des réseaux sociaux par les étudiants pour embellir des compétences réelles, conservation des diplômes en version papier… L’accélération de la transformation digitale des établissements d’enseignement supérieur est un enjeu fondamental de ces dernières années avec au cœur de cette dernière le stockage, la transmission et l’authentification de l’information. Orange y travaille déjà avec une offre destinée aux établissements scolaires permettant d’y aller à moindre coût. La deuxième étape serait d’ajouter des applications de la blockchain.
La technologie de la blockchain se présente ainsi comme une solution de choix dans le cadre de cette transformation numérique. Alliant décentralisation, sécurité et transparence de l’information, elle permet à n’importe quel secteur de mettre en place une identification et une traçabilité de ses activités. Des domaines d’application de la blockchain dans l’éducation :
Avec l’excitation actuelle autour de cette technologie, à quoi pourrait ressembler cette industrie dans cinq ans ? Voyons-nous déjà des indices ?
Le monde se globalise et se digitalise avec un foisonnement d’informations et de données avec surtout la volonté de faire de plus en plus de transactions sécurisées. La technologie blockchain aura très vite des applications dans quasiment tous les domaines d’activité. Pour certaines fonctions dans les entreprises (banque, assurance,…), elle pourrait améliorer performance et fiabilité. En supprimant les intermédiaires et en décentralisant les processus de transaction et de validation, les entreprises réduisent leurs frais de fonctionnement et augmentent leur profitabilité.
Par Anselme AKEKO