Didier Kla, Directeur Orange Business et Broadband

L’IA est une technologie à la fois passionnante et dangereuse

Orange Côte d'ivoire

« L’Intelligence Artificielle est une technologie à la fois passionnante, mais aussi dangereuse si elle est à la portée de tous et sans contrôle en particulier. » Cette analyse prudente de Didier Kla, Directeur Orange Business et Broadband chez Orange Côte d'Ivoire, exprime bien la grande inquiétude qui s'empare des patrons d'entreprise lorsque la question de l'IA est abordée par le prisme de la sécurité. L'IA et cyber sécurité : leviers de croissance ou menaces pour les entreprises ? La réponse dans cet entretien avec Didier Kla.

Quelles sont selon vous les principales motivations des entreprises en matière d’IA ?

Les entreprises ont de plus en plus recours à l’IA pour performer dans un monde de plus en plus consommateurs et demandeurs. De nos jours, les consommateurs ont le « pouvoir » de booster une entreprise comme la faire disparaître grâce au digital et surtout aux réseaux sociaux. Pour faire face à un tel engouement, les entreprises doivent innover dans l’objectif de :

Répondre rapidement aux demandes clients : générer des conversations via différents outils connectés afin d’automatiser les tâches du service client. N’oublions pas que l’expérience client entre en jeu dans le web 3.0 et continue sa progression dans le web 4.0

  • Créer du contenu efficient et rapidement : pour faire face aux besoins d’informations des consommateurs, les entreprises utilisent des Intelligences Artificielles comme ChatGPT, Mid Journey, Stable Diffusion pour rédiger des e-mails, des articles, des lettres, des images et même des vidéos avec un niveau de qualité impressionnant.
  • Créer et/ou modifier des lignes de code : en effet, les entreprises peuvent de plus en plus facilement adapter leur site internet et adapter leurs contenus grâce à l’IA qui prend moins de temps qu’un webmaster et éditera sans faire d’erreurs potentiellement émises par les Hommes. L’Intelligence Artificielle révolutionne grandement le métier de développer. Ce qui peut être aussi un grand danger pour les entreprises, car les pirates sont aussi à l’affût de cette technologie pour pouvoir plus facilement détourner les codes des sites internet et pénétrer les entreprises aisément en interne. Ce qui peut fragiliser leurs écosystèmes.

Pour conclure, les entreprises tirent de grands avantages en utilisant les IA car elles s’adaptent rapidement aux besoins de leurs marchés. Cependant, elles doivent s’assurer d’informer et de former leurs équipes quant à l’utilisation des IA car cela peut créer un sentiment de peur en interne : « Remplacement de leur poste par l’IA », donc, perte de leur emploi. Ce qui ne doit pas être le cas, car l’IA a pour objectif de faire évoluer les métiers tout comme le marketing traditionnel vers le marketing digital. De plus, les consommateurs sont de plus en plus vigilants et regardants sur les contenus qui sont proposés. Ils n’aiment pas être bernés, ils sont constamment à la recherche de l’empathie et la prise de conscience des enjeux écologiques et économiques de la part des entreprises.

L’IA n’est-elle pas une menace pour la sécurité des SI des entreprises, des Etats et pour le monde ?

L’Intelligence Artificielle est une technologie à la fois passionnante, mais aussi dangereuse si elle est à la portée de tous et sans contrôle en particulier. Comme nous l’avons vu plus haut, même si les entreprises peuvent l’utiliser pour créer et/ou modifier des lignes de code, les hackeurs peuvent eux aussi en faire de même. Il en va de soi qu’il faut donc développer des codes de sécurité et des règlements afin de protéger les entreprises qui sont à la fois puissantes mais aussi vulnérables. Comme l’évoque Geoffrey Hinton, l’un des fondateurs de l’IA, dans une interview au New-York Times :

« Je me console avec l'excuse habituelle : si je ne l'avais pas fait, quelqu'un d'autre l'aurait fait. Il est compliqué de s'assurer que certaines personnes n'en auront pas un mauvais usage. L'idée que cette technologie pourrait en fait devenir plus intelligente que les humains – quelques personnes le craignaient. Mais la plupart des gens pensaient que cela prendrait beaucoup de temps. Et je pensais que cela prendrait beaucoup de temps. Je pensais que ce ne serait pas avant 30 à 50 ans, ou même plus. Évidemment, je ne pense plus cela ».

Quelles sont les solutions à actionner rapidement pour faire de l’IA un outil de résilience face au risque cyber ?

Je pense qu’il faut régir des lois quant aux développements, mais aussi à l’utilisation des Intelligences Artificielles qui sont sur le marché. Les autorités de régulation doivent vraiment intervenir à ce niveau surtout lorsqu’on voit autant de dérives sur le Net pour cadrer les services qui en découlent. Enfin, toutes les entreprises devraient aussi expliquer clairement l’objectif et le but du développement de leur IA afin que les entreprises comme le grand public soient conscients de ce qu’ils font.

Avez-vous des demandes de la part des entreprises dans ce domaine-là ? Comment les analysez-vous ?

Pas directement mais à travers des solutions qui utilisent l’Intelligence Artificielle. Il s’agit de la solution MICROSOC qui utilise l'Intelligence Artificielle en traitant des données provenant de plus de 400 sources de données pour prévenir les incidents éventuels et protéger les systèmes d’information (SI) et applications pour nos clients de l’entrée au haut de marché. Les entreprises et les organisations utilisent de plus en plus cette technologie pour analyser de grandes quantités de données et prendre des décisions éclairées. L'Intelligence Artificielle permet également d'automatiser des tâches répétitives et de libérer du temps pour les tâches plus créatives et stratégiques.

Toujours est-il que des voix s’élèvent contre le développement rapide de l’IA faisant craindre une perte de contrôle de cette technologie au profit des cybercriminels. Que diriez-vous aux patrons d’entreprise qui s'inquiètent de cette situation ?

Ils ont raison de s’inquiéter car nous ne pouvons pas contrôler les agissements des personnes mal intentionnées. Cependant, il est de notre devoir et surtout de notre responsabilité à tous d’œuvrer ensemble quant au développement, la sécurité et les bons usages de l’utilisation de l’IA. Nous nous devons d’informer et former tout un chacun sur les dangers de cette technologie car elle en a comme toutes technologies puissantes. Nous devons travailler avec les autorités compétentes pour réguler ce marché.

Quelles règles du jeu définir pour une utilisation responsable de l’IA ?

Pour une utilisation responsable de l'IA, il est important de définir des règles éthiques et juridiques pour encadrer son développement et son utilisation. Ces règles devraient inclure la transparence, la responsabilité, la protection de la vie privée et des données personnelles, ainsi que la garantie que l'IA ne soit pas utilisée pour nuire à autrui.

Exemples d’utilisations non responsables :

  • Robots militaires ;
  • Reconnaissance faciale ;
  • Hameçonnage sur mesure ;
  • Drones d'attaque autonomes ;
  • Manipulation de marchés financiers.

En conclusion, l’IA, est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle pour la sécurité des entreprises ? Et quelle est la démarche d’Orange Côte d’Ivoire pour en tirer le meilleur profit ?

L’Intelligence Artificielle est une excellente nouvelle pour la sécurité des entreprises et surtout pour Orange Côte D’Ivoire. En travaillant main dans la main avec nos clients, en écoutant leurs besoins et en tirant leçon des problèmes qu’ils ont rencontrés, nous pouvons développer avec eux et pour eux des offres sur-mesure totalement adaptées à leur environnement de travail pour les protéger des cyberattaques. C’est aussi l’un des engagements majeurs que nous avons pris lors du Cyber Africa Forum tenu les 24 & 25 avril 2023. Nous sommes conscients des enjeux de la société actuelle et surtout des lacunes que nous avons accumulées en Afrique par rapport à l’Occident. Toutefois, nous savons exactement par où et par quoi commencer, c’est-à-dire par nous et nos clients pour accroître notre productivité sans danger.

                                                                  

Par Anselme AKEKO